Crédit conso : des écarts de taux importants selon les territoires

📣 Squirrel suit chaque semaine les taux des crédits à la consommation proposés par 73 établissements financiers, parmi lesquels 70% sont des banques régionales. Cette couverture unique nous permet aujourd’hui de proposer une analyse fine des positionnements tarifaires sur les prêts personnels, projet par projet, à l’échelle des régions et des départements.

Nous avons analysé les taux pratiqués pour trois grandes familles de prêts personnels – crédits auto, prêts travaux, projets personnels divers – à l'échelle régionale et départementale et avons mis en évidence des écarts de taux entre territoires.

Quels sont les territoires les plus compétitifs ? Quels facteurs économiques ou structurels peuvent expliquer ces différences ?

Cet article répond à ces questions, graphiques à l’appui, pour vous offrir une lecture territoriale claire des dynamiques concurrentielles à l’œuvre.

Bonne lecture !

Méthodologie de l'analyse

Cette étude repose sur l'analyse de 460 000 simulations de crédits auto, prêts travaux et prêts personnels, de 7 000 € à 50 000 € sur des durées de 12 à 84 mois, collectées et traitées sur 3 semaines en juin 2025(1).

Sur cette base, nous avons calculé un taux moyen par type de projet et par département, en tenant compte de la présence réelle de chaque établissement sur le territoire :

  • Les taux proposés par les établissements nationaux ont été pris en compte pour chaque département
  • En revanche, les offres des banques locales ont été prises en compte uniquement dans les départements sur lesquelles elles opèrent.

Enfin, pour chaque région, un taux moyen régional par projet a été établi à partir des taux départementaux, pondérés par la population de chaque département, afin de refléter fidèlement leur poids respectif dans la région.

Classement des territoires : des écarts de taux faibles en apparence

Tous projets confondus, les taux moyens observés à l'échelle régionale se révèlent assez homogènes. Les 3 régions ayant les taux moyens les plus bas sont :

  1. la région Île-de-France, avec un TAEG moyen de 6,15%
  2. la région Provence-Alpes-Côte d'Azur - TAEG moyen de 6,19%
  3. la région Centre-Val de Loire - TAEG moyen de 6,19%

L’écart maximal entre régions est limité : seulement 15 points de base séparent l’Île-de-France de la région Pays de la Loire, où le TAEG moyen atteint 6,29 %.

Pour le consommateur, cet écart représente un surcoût de crédit d’environ 2% en Pays de la Loire par rapport à l’Île-de-France – soit un impact très modéré.

Mais cette lecture régionale masque des écarts plus marqués lorsque l’on affine l’analyse : au niveau départemental et selon le projet financé, les écarts de taux s’accentuent.

👉 Voyons à présent le détail projet par projet.

Prêts personnels divers

En ce qui concerne les prêts personnels divers (hors auto, hors travaux), les 3 régions les plus compétitives sont :

  1. La région Île-de-France (TAEG moyen à 6,28%)
  2. la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (taux moyen à 6,33)
  3. et la région Auvergne-Rhône-Alpes (à 6,34%)

L'écart maximum entre la région dont le taux moyen est le plus bas (l'Île-de-France) et celle dont le taux est le plus élevé (Pays de la Loire) est de 19 points de base, ce qui reste modéré. Pour les consommateurs de la région Nantaise cela représente un surcoût de l'ordre de l'ordre de 3% sur le coût total du crédit (intérêts et frais de dossiers éventuels).

Par exemple : pour un prêt personnel divers de 10.000€ sur 60 mois, le coût du crédit est de 1630€ en région Parisienne et de 1860€ en Pays de la Loire, soit un surcoût de 50€ en moyenne pour les consommateurs de la région.

A l'échelle des départements, l'écart est plus important : +26 points de base séparent le département du Val d'Oise en région Parisienne (TAEG moyen à 6,23%) et les départements dans lesquels le taux moyen est le plus élevé (la Sarthe, la Mayenne et le Maine-et-Loire, à 6,49%)

Prêts travaux

S'agissant des prêts travaux standards (hors financements dédiés à la rénovation énergétique), les régions dans lesquelles les taux moyens sont les plus bas sont :

  1. La région Centre-Val de Loire (TAEG moyen à 6,20%)
  2. L'Île-de-France (6,20% également)
  3. la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (6,22%)

Sur ce projet, les taux moyens sont très resserrés entre les différentes régions : à peine 10 points de base d'écart pour la région Normandie dont le taux moyen est plus élevé que les autres (à 6,30%).

A l'échelle des départements, l'écart s'accroît à 21 points de base entre les départements dont le taux moyen est le mieux placé (les Yvelines et l'Essonne, tous deux à 6,16%) et la Haute-Vienne, département dont le TAEG moyen est le plus élevé (3,37%)

En ce qui concerne les prêts travaux dédiés à la rénovation énergétique en revanche, le constat est beaucoup plus net avec un écart maximum de 36 points de base entre la région bénéficiant du taux moyen le plus bas et celle qui ferme la marche. Pour les consommateurs cela signifie un surcoût du crédit de l'ordre de 6,50% (exemple : pour un prêt travaux de 35K€ sur 72 mois, le surcoût est de +400€).

Les régions les mieux placées sont : Grand-Est (5,66%), Bourgogne-Franche-Comté (5,70%) et Centre-Val de Loire (5,73%).

Crédits auto

Le podium des régions ayant les taux moyens les plus compétitifs sur les prêts automobiles met une nouvelle fois des régions déjà mentionnées sur d'autres projets :

  1. L'Île-de-France (6,15%)
  2. Le Centre-Val de Loire (6,18%)
  3. La Provence-Alpes-Côte d'Azur (6,18%)

A l'échelle régionale, l'écart maximum entre la mieux placée et la moins bien placée est de 13 points de base. A l'échelle des départements, l'écart maximum monte à 20 points de base entre les Yvelines (6,12%) et la Creuse (6,32%).

Pour les prêts auto dédiés au financement de véhicules propres (électriques / hybrides), les régions les mieux placées sont : l'Île-de-France (5,15%), le Centre-Val de Loire (5,16%) et la région Bourgogne-Franche-Comté (5,21%).

Quels sont les facteurs d'explication ?

Afin de mieux comprendre les disparités observées, 3 pistes d'explications possibles ont été analysées :

  • le niveau de concurrence au sein des départements
  • le nombre d'habitants sur le territoire
  • le niveau de revenus des habitants du territoire
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La forte concurrence au sein des territoires n'explique pas les niveaux de taux différents entre territoires

Afin de savoir si les écarts de taux entre les différents départements sont liés au niveau de la concurrence intra départementale, nous avons tout d'abord calculé la densité d'agences bancaires par habitants et par département(2) puis nous avons analysé la corrélation avec les taux moyens par département. Etant donné le poids du digital sur le secteur bancaire cette approche est limitée et la corrélation qui en ressort est assez faible.

Nous avons également analysé, pour chaque projet, la dispersion des offres au sein de chaque département (analyse des écarts-types entre les taux moyens de chaque banque opérant sur un département). Celle-ci est très importante dans tous les départements ce qui indique que la concurrence est forte. Cependant, cette concurrence est forte partout et il n'a pas été possible d'établir un lien expliquant les différences de niveau des taux entre départements.

La taille du marché local : une 1ère piste d'explication

Deuxième hypothèse analysée : le nombre d'habitants sur le territoire, c'est à dire la taille du marché local.

A l'exception des projets éco-responsables (travaux de rénovation énergétique et achat d'un véhicule propre), il semble bel et bien exister un lien, quoique modéré, entre la taille du marché local et les taux moyens constatés par département : la corrélation est de -0,30 sur les prêts travaux, -0,35 sur les prêts auto et -0,38 sur les prêts personnels divers.

En d'autres termes, les départements les plus peuplés ont une légère tendance à bénéficier de taux plus bas en moyenne par rapport aux départements moins peuplés.

La taille du marché local semble donc contribuer à expliquer les écarts de taux entre départements mais ce n'est pas le seul facteur.

Le niveau de revenus des habitants influence davantage les écarts de taux entre les territoires

Troisième piste analysée : le niveau des revenus d'activité des habitants du territoire. Ici nous avons cherché à voir s'il existait un lien entre les revenus d'activité(3) constatés sur le territoire et la propension des prêteurs à proposer des taux plus bas.

Il semble bel et bien que ce lien existe : corrélation entre revenus d'activité et TAEG moyen par département est de -0,43 pour les prêts travaux, -0,50 pour les crédits auto et -0,51 pour les prêts personnels divers. En d'autres termes : les départements dans lesquels les revenus d'activité par habitant sont les plus élevés ont également tendance à être ceux dans lesquels le taux moyen est plus bas.

La taille du marché local ainsi que le niveau des revenus d'activité de la population du territoire semble dont avoir une influence sur le niveau des taux. Du point de vue opérationnel cela semble en effet cohérent mais ces liens n'ont été établis que sur les projets standards et pas sur les projets éco-responsables.

En ce qui concerne les projets éco-responsables (véhicule électrique et travaux de rénovation énergétique), la corrélation avec la taille du marché ou avec le niveau des revenus d'activité n'est pas significative ce qui pourrait s'expliquer par le fait que la tarification de ces offres obéit davantage à une logique RSE qu'à une logique strictement économique. En d'autres termes : il est important pour les établissements financiers d'avoir des offres éco-responsables en portefeuille et leurs taux se doivent d'être bonifiés.

Ce qu'il faut retenir

  • Les taux moyens sont relativement homogènes à l'échelle des régions, mais des écarts plus significatifs apparaissent au niveau départemental, selon les projets.
  • Le niveau de vie des habitants est le facteur explicatif le plus corrélé aux taux moyens observés localement.
  • La taille du marché local influence également les taux, mais de manière moins marquée.
  • La concurrence forte ne permet pas à elle seule d’expliquer les différences de niveau des taux entre départements.
  • Les projets éco-responsables font l’objet d’une tarification spécifique, liée à des logiques stratégiques plus larges.

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Sources

(1) Source Squirrel : 460 000 simulations de prêts personnels réalisées entre le 26 mai et le 14 juin 2025 auprès de 73 banques et établissements financiers, actifs au niveau national ou régional. Périmètre :

  • Projets : crédits auto neuve / occasion, crédits véhicules électriques / hybrides, prêts travaux classiques, prêts travaux de rénovation énergétique, prêts personnels divers
  • Montants : de 7.000€ à 50.000€
  • Durées : de 12 à 84 mois
  • 73 banques et organismes financiers (sociétés financières spécialisées en crédit à la consommation, compagnies d'assurance) actives à l'échelle nationale ou régionale (banques régionales).

(2) La densité des agences a été calculée comme suit : nombre d'agences présentes sur le département rapporté au nombre d'habitants du département en âge d'être bancarisés. Le nombre d'agences par département provient des "Cahiers régionaux" de la FBF (Fédération Bancaire Française) - https://www.fbf.fr/fr/la-federation/carte-des-regions/

(3) Les données du dispositif FiLoSoFi (Fichier Localisé Social et Fiscal) de l'Insee ont été prises comme référence pour le revenu d'activité des habitants du territoire. Pour chaque département, nous avons repris le revenu médian rapporté à la part des revenus d'activité.